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Inventaire avant liquidation
17 décembre 2018

Un supplément de latence sous l’égide du soi grandiose – Censuré par Gogol

     À défaut d’indulgence pour ma production (sans doute n’en manifesté-je déjà que trop en m’abstenant de la faire disparaître), ne pourrais-je au moins faire preuve d’un minimum de mansuétude pour mon indolescence que ce néologisme habille si mal, puisque je n’étais rien moins qu’indolent, n’ayant depuis connu, même dans les bahuts les plus durs de ma carrière, de période plus dolente, au contraire, que celle-là? Passent encore ces deux ans de dortoir au cours desquels seul le soi grandiose me dispensa de boire la lie du mépris, surtout quand je fus rentré de mon “suicide”, et eus retrouvé mon box (dont, seul de ma classe, j’avais été privé l’année précédente suite à un tirage au sort des plus louches) réduit aux dimensions d’un cercueil : je pense que j’étais tenu pour une vermine négligeable ou nuisible, mais surtout par les crétins : mon nihilisme péremptoire n’était pas exclu des conversations qui rebâtissaient le monde, et il est certain qu’en ce temps-là, même si j’aurais mieux fait de m’efforcer à draguer, et si l’histrionisme occupait le devant de la scène, allant de four en four (mais à l’occasion impressionnant son public, comme quand, ignorant tout du danger, je faillis tuer par strangulation une des plus jolies filles de la classe, ou, lors des fêtes de Jeanne d’Arc (point encore confisquées par Le Pen), me faire casser la gueule par un flic avec, et non contre lequel je croyais blaguer), du moins ne me souciais-je plus de mes fichues notes, copiant n’importe quelle dissert’ d’histoire plutôt que de m’attaquer perso à un exercice aussi factice, me noyant dans Proust et dans Freud, redécouvrant l’alcool et l’ivresse, dont je n’avais plus tâté depuis ma première muflée, à 11 ans, lors de la “Saint Charlot” de sixième. Et, après tout, de quelle aliénation pourrais-je me plaindre l’année suivante à Tours, où je sacrifiai successivement l’économie et les lettres à “mon œuvre”, que je préfère avoir brûlée durant l’“année errante ou squatteuse” qui suivit? En ce temps-là au moins je bossais sans filet, ne comptant ni les lignes ni les mots, a fortiori les lettres! J’écrivais exécrablement, parce que je parlais sans savoir, et n’avais aucune notion d’un quelconque travail du style, mais mais mais mais mais mais mais mais mais… quelle nouvelle sottise m’apprêté-je à taper? Il n’y avait pas trace d’authenticité dans ce fatras, sinon au niveau le plus sordide, et l’écrire était horriblement fastidieux. Oserais-je soutenir que j’ai appris mon métier pendant les trois ans que je passai à Poitiers dans ma chambre – sans bain ni douche, ni même eau chaude, comme toutes les autres : réponds, Ombre! Combien gardais-tu de l’allocation de la Banque? – à peaufiner toujours les mêmes texticules, sans même voir la fillette qui, un étage plus bas, se mourait d’amour pour Chatterton, et montait lire son journal intime dès qu’il avait le dos tourné? Cette revue n’a pas de sens : je soupçonne qu’une seule femme qui m’aurait ouvert ses bras (certaines ont bien essayé; mais j’avais tout à apprendre, et craignais par trop que ça ne se vît; et puis, même délivré de Claire, je restais bloqué sur “la plus belle ou personne”) m’aurait, en quelques baisades, fait faire plus de progrès en écriture que je n’en fis au bout de centaines d’heures de rapetas d’Alain seul, à décharge desquelles on peut tout de même inscrire que, tout en m’imprégnant des maîtres, ouverts sur ma table en permanence, et en ne laissant pas d’être impressionné par leurs consignes, je n’y ai jamais obtempéré sans en sentir l’appel intérieur… ou à la rigueur pour me simplifier le boulot, comme lorsque j’adoptai la “règle de Léautaud” sur voici, voilà, ceci, cela, (sauf cacophonie ou contradiction avec la proximité [2]). Pendant ces huit ans, voire dix ou douze, de supplément de latence (dont je devrais savoir gré à Chantal de m’avoir arraché), j’ai lu dix ou vingt fois des livres qu’on se contente ordinairement de parcourir (l’âge où l’on va de découverte en découverte fut essentiellement pour moi celui d’une rassurante répétition) et me suis fait une petite spécialité amusante de les reconnaître en deux phrases; en matière de style, à force de biffer, j’ai au moins appris la concision, même si je l’ai oubliée ensuite, en faveur, qui le croirait, de la lisibilité! Face à quoi j’ai pris un retard en sexe et relhum, un retard en vie, que je n’ai jamais pu que feindre derattraper (et encore, devant un public de gamins), feintise contrée et balancée par un besoin dévorant de vérité, inhabituelle de préférence, mieux encore interdite et insolente. Retard corrélé au soi grandiose, de par mes exigences esthétiques, la phobie du râteau, et, d’une manière générale, la terreur d’avoir à constater, via l’œil d’autrui posé sur mes performances effectives, la métamorphose du génie en imbécile fieffé. J’avais grand besoin de regards valorisants, mais une crainte plus grande encore de voir démasqué le sous-homme, de plus en plus sous à mesure que son orgueil l’isolait davantage.

 

[1] Combien plus heureux, pourtant, d’avoir sauvé la peau d’un type qui, au cours d’une beuverie au fin fond de la Sologne, s’était ouvert le poignet en usant d’une vitre comme punching-ball! Jusqu’à ce qu’il m’eût confié, sic,au sortir de l’hosto, que me devoir la vie lui flanquait la gerbe!

 

[2] Note mnémo pour les potaches : sol-la-si-do! la pour ce qui précède, ci pour ce qui suit. Commode, à condition bien sûr que ci ne désigne pas le plus proche, et la/là le plus éloigné. Car celle-ci est contraignante, celle-là nullement. Oh que j’en ai marre! Dans le prochain, c’est dit, je refais le français, à commencer par les possessifs irréfléchis : d’il(s), d’elle(s), d’eux, au lieu des redondants son, sa, ses. Le faux (ou vrai-mais-déçu) Laclavette a regagné sa grotte, Gogol m’a apparemment fourré au ban des algorithmes, suite à quelque mouchardage [3] : pourquoi me préoccuper de ce que com-prendra un lecteur? On peut tout se permettre quand on n’écrit plus que pour soi.

 

[3] J’ai des raisons pour passer devant le procédé avec un mépris désinvolte, mais ça n’en relève pas moins de l’affectation ad exteros, laquelle n’a rien à faire dans cet ouvrage de vérité. Alors, voici les faits, ou plutôt les chiffres bruts : les stats d’Overblog nous donnent, pour l’Inventaire, 322 “pages lues” en novembre (2017), dont 147 de provenance googleuse. En décembre, 511 “pages lues” dont 15 gogues : on passe donc de 46 à 3%. Face à quoi, une prolifération de “newsletters” (0 en novembre, 161 en décembre) qui ne saurait s’expliquer que par une mise sous surveillance, ce blog n’ayant aucun abonné (j’ai d’ailleurs essayé avant-hier de m’abonner moi-même à partir d’une adresse gmail, et n’y ai strictement rien reçu). Faut-il être parano pour supposer une dénonciation (pardon! un signalement!) le 12 novembre (apparition et prolifération de la provenance “email”), et sa vérification le 8 décembre par l’équipe ad hoc, puisqu’on constate une affluence exceptionnelle ces deux jours-là? Dénonciation de quoi? Ma prose peut faire bien des mécontents parmi les vivants qu’elle étrille, mais ce n’est pas un tel casse-tête de découvrir la seule infraction à l’iquement-correct susceptible de me traîner en correctionnelle; or, pour autant que j’en puisse juger (c’est-à-dire très peu, et seulement les un et deux, car il ne m’est fourni quotidiennement que la liste des dix entrées les plus visitées, non du jour, mais du mois), Antisémythes n’a reçu qu’un nombre très réduit de visites (peut-être une en tout pour neuf “articles”, du mouchard seul, lequel n’aura cafeté, si ça se trouve, que pour se venger de tout autre chose : je vérifie prestement que la chaîne de lettres ne mène jamais à mon blog, mais seulement à un livre écrit en 2005, qui naturellement donne un sens kasher (empoisonnements de fontaines, hosties poignardées, etc) au mot que j’avais cru créer, en 2006, et qu’on ne m’a donc pas piqué. Ajoutons qu’un incident bizarre au cours de cette recherche (prétendue vérification que je ne suis pas un robot) me confirme que mon ordi est dans le collimateur. Changeons au moins de moteur de recherche : Gogol domine le WWW, mais n’en est pas encore le maître absolu. 

     Je crois avoir fait preuve de pondération et de bonne foi dans Antisémythes. Mais, cf. Renaud Camus & alii, toute entorse au philosémitisme éperdu constitue en France un délit d’opinion; or je n’ai nul désir de subir le martyre dans un caveau insonorisé, pour une cause qui reste douteuse, ne fut jamais essentielle à mes yeux, et des pages que personne n’a lues, lesquelles, d’autre part, forment excroissance dans cet autoportrait : bref, je procède à leur ablation [4], tout en gardant leur place chaude pour des temps meilleurs… qui pourraient être pires, à en juger par les pépites de franc-parler offertes par des internautes auxquels je ne voudrais pour rien au monde ressembler.

 

[4] La mort étant en vue, je les ai rétablies; peut-être le verdict optimiste de mon ophtalmo m'incitera-t-il à les censurer de nouveau. [5]

 

[5] Non. Je ne pense pas qu’on aille s’emmerder à déterrer des gens pour les persécuter, surtout s’il n’y a pas des fortunes de dommages à en attendre et si, quoique bien dégradés, ils ont encore dents et griffes. Il est autrement efficace de les rendre inaudibles.

 

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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