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Inventaire avant liquidation
5 mars 2019

Conclusions et résolutions; mon temps trop libre

     Terminée, ma saga? Évidemment non : même cet appendice sur le destin de mon habitation est encore gros de rebondissements, puisque le sieur Briconnet, qui avait oralement raboté la tour de 19 centimètres (et non de 10 : ça, c’était la mesure Giraud, que précisément Briconnet conteste), pour en rabattre sur les normes de sécurité, à présent insiste lourdement, pour la re-reclasser Immeuble de Grande Hauteur, c’est-à-dire soumis à des obligations exorbitantes. Et c’est moi qu’il choisit pour confident de cette étrange palinodie : quel peut en être le but? Relierait-il le mépris sans phrase de Mme la Capitaine à un courrier de ma plume? En tout cas, il cherche à ensevelir dans le silence tout souvenir de ses erreurs, ce qui sera difficile, puisque les “deux murs” ont probablement été reproduits à 80 exemplaires, que certains, comme W***, conservent et bichonnent, en ayant saisi la (relative) importance. Ne nous piquons pas d’enfermer le futur, qui me surprendra toujours, mais n’oublions pas non plus que ce n’est pas ici mon propos de savoir si ma tour sera démolie avant 2020, se tiendra droite jusqu’en 2050, ou adoptera une posture néo-pisane : à moins d’un effondrement simultané de ma banque, auquel je vais m’employer à parer, ma survie n’en dépend pas. Alors où voulais-je en venir, en racontant mes tribulationnettes oppositionnelles? À me recentrer sur la pathologie du lien, qui n’a fait, dirait-on, que s’aggraver? Mais ne me défriserait-il pas qu’il en fût autrement? Je ne suis pas fier d’être traité par-dessous la jambe, mais bien, probablement, de n’être pas de la même race qu’eux – alors que je me répète tous les jours que l’heure serait venue, non certes de faire ce qu’on me dit quand je suis seul concerné (n’empêche que je m’en serais souvent trouvé bien), mais de m’écraser quand il s’agit d’affaires collectives, et que je n’ai pas potassé le sujet à fond. Est-ce une démarche si ardue que de fermer sa gueule? Voilà une trentaine de fois que je me plains ici du déclin de facultés cérébrales qui ne furent jamais époustouflantes, et l’on dirait que je persiste à n’y pas croire, quand on voit les minces précautions que je prends pour affirmer, en des domaines où je n’entends rien. Laissons-les. Je n’ai que trop d’occasions de me ridiculiser. Les travaux électriques ont commencé hier, et, tout en redoutant le vandalisme de la saison des Festes, je serais presque conquis par cette “applique plafonnière” qui s’allume à peine a-t-on mis le nez dehors. D’ailleurs, ne nous le cachons pas, Briconnet m’a amadoué rien qu’en affectant de me prendre pour interlocuteur privilégié (pour faire pièce à Giraud & fils, je présume, s’estimant snobé par eux). Quant à la rénovation des ascenseurs, elle ne sera pas entreprise avant huit semaines, lisons douze minimum, avec de tels brontosaures; et les négociations avec les pompiers, censées précéder les appels de fonds… il ne presse pas trop, j’ai l’impression, d’approvisionner mon compte courant.

     Je tremble superstitieusement à l’idée d’affirmer que tout va bien, et d’avoir l’air de m’en féliciter, sans remercier Personne. Mais vit et vue vont, que voulez-vous. Je préserve le premier en lui fermant toute occasion d’éjac (l’hiver, crainte de bander, je fuis jusqu’aux pages de romans où les héros s’étreignent) et en chauffant mon clapier, la seconde en évitant le surmenage, et bientôt, peut-être bichonnerai-je ma sotte peur d’un retour de bâton par la prière de Sertillanges, dont je me suis tant gaussé : « Merci mon Dieu, si tu existes! » Quant à l’incisive cassée qui a ajouté son ultime touche à ma métamorphose en Goya de la période noire, il ne m’a pas fallu deux jours pour réaliser qu’elle n’apportait à ma mastication qu’un mince supplément de difficulté, qu’il n’était pas dans mes habitudes de retrousser les babines en public, et qu’au reste exhiber une mâchoire connotant l’impécuniosité n’est pas une si mauvaise spéculation pour un homme qui a renoncé à séduire et plutôt intérêt à paraître démuni pour justifier la part de subvention dont il bénéficie : je m’apprête donc une fois de plus à procrastiner les travaux d’envergure que le lutin ne va pas manquer de me proposer : un joli bridge en céramique, par exemple, allant d’une canine à l’autre, et pourvu des encoches nécessaires à l’installation d’une bonne grosse prothèse amovible : désolé. Les trois mille balles que ça pourra coûter, je n’en fais rien, et, après décantation, les cracherai plus facilement que cent sous de différence sur un même bouquin; mais je répugne à troquer les quelques quenottes saines qui me restent contre un appareil sous lequel, si j’en crois mon expérience, les bactéries ne tarderont pas à s’insinuer, et, protégées des bains de bouche, à se déchaîner; quand il s’agira de combattre une infection sous un bridge en céramique, je suppose que ce n’est pas à coups de marteau qu’on va le déloger : à la trappe ces beaux plans! Depuis cette “carie racinaire”, je n’ai fait que déconner, pas même en me laissant convaincre, mais par soumission pure à “ceux qui savent” – ou sont censés savoir – et connaissent surtout leur intérêt : bref, par des gens en la parole desquels je n’ai même pas l’excuse de croire. Touchant ce qui ne touche que moi, désormais, right or wrong, my opinion. Je fus un grand sot de fumer la pipe pendant 25 ans; du moins y prenais-je plaisir. Faire plaisir à mon dentiste n’est pas une motivation décente, même s’il était irréprochable, et si l’on pouvait l’être quand on revend, que ce soit à la sécu ou à son patient, une couronne de trois à dix fois le prix qu’on l’a payée. Je ne souffre pas : permis donc à moi d’attendre – et d’attendre entre autres que le ouistiti couronné tienne ses promesses, en ce domaine au moins.

     Une rétention-hors-saison à part, mon corps me fout la paix depuis six mois, ce qui n’était pas arrivé depuis quatre ans : grâce ou régime, goûtons la rémission, et suffit sur le sujet, on y repensera à la prochaine attaque de l’adénome, de la cécité ou de quelque outsider. Le problème à présent, puisque je n’ai ni envie ni raison pressante de me tuer, c’est de savoir que faire du temps qui me reste. Ma vie serait grandement simplifiée si je prenais simplement acte d’une erreur qui a duré presque soixante ans : le monstre auquel je bâcle une queue “provisoire” en ce moment devrait m’y inciter, mais ce n’est pas si simple, car, d’abord, il ne me dégoûte que par endroits et par accès; le fait est qu’il ne sera jamais lu, mais, soit que ce fait ne soit perçu qu’en extériorité, et ne déclenche pas une conviction authentique, soit que j’en sois (re)venu à l’autodéfense classique de me figurer écrire pour moi, presque huit ans passés à une auto-analyse qui se termine aux alentours de son point de départ, et même plutôt avant, devraient tout de même suffire à me décourager, d’autant que rien ne m’empêchait de prendre tout chemin qui s’offrait, et qu’il ne s’en est offert que des esquisses peu tentantes. Je me demande même si la chasse aux idées, que je loge, en concurrence avec la prière, dans l’intervalle de noir qui précède le sommeil ne serait pas un moyen de le faire venir plus efficace que Xanax, Imovane ou Noctamide.

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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