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Inventaire avant liquidation
31 janvier 2019

Préventions parano? Un plan insane

     J’en profitai pour interroger Mme la collabo en chef sur mes petites affaires, et elle me révéla, ou plutôt me répondit, qu’ils avaient effectivement voté qu’il me pleuve sur la tête, rebroussés par un devis ébouriffant, qui, pour deux fuites, préconisait la couverture d’une surface équivalant à tout l’appartement. Elle me proposa d’exiger d’une autre boîte un nouveau devis, de me le faire parvenir directement, etc, pour revenir enfinà la dure tâche qui était la leur, et aux bâtons que la mère Bacha, fidèle à elle-même, ne cessait de leur mettre dans les roues. La mère Bacha est assurément une psychopathe qui a fait des dégâts, mais combien en aurait-il fallu, de comme elle additionnées, pour nous faucher cinq cent mille euros? Je remerciai du service proposé, mais quand on songe que j’avais eu soin jusque là de le pas dévoiler mes batteries, on peut s’interroger sur la santé mentale du décollage final: « Je ne sais pour quelle cause la signora s’agite, mais il y a de fortes chances que je me sente plus de son côté que du vôtre. Tu as bien dû remarquer que le surpresseur n’est pas mentionné dans les travaux d’urgence, ce qui donne à réfléchir sur la validité de l’audit de je ne sais quelle société prétendument indépendante. Nous n’avons jamais eu autant de pannes d’ascenseur que cette année, et j’estime que votre maîmaître en est responsable, d’abord par le mouvement de population qu’ont créé ses factures exorbitantes (il n’y aura bientôt plus dans la tour de proprios que nous deux), d’où retour du vandalisme, ensuite par son acharnement à vouloir faire un pack insécable de travaux indispensables, d’autres qu’on pourrait différer sans problème, et enfin de certains qui ne servent à rien qu’à enlaidir l’immeuble : le cloisonnement ne nous évitera pas un incendie d’ici la fin du monde, il y a trente ans que nous jouons à cache-cache avec les exigences ridicules des pompiers, et l’on ne s’est probablement pas occupé trente secondes de réhabiliter l’escalier d’incendie… Le seul danger d’embrasement général vient des conduites de gaz, et les cloisons n’y changeront rien. Seulement le dictateur tient à les placer, pour mettre aux normes (et pour ne pas se dédire) de sorte qu’une réparation sérieuse des ascenseurs et du monte-charge est indéfiniment procrastinée.

     Du reste, combien de temps tiendrait-elle? Aucune étude, aucune prévision n’a été faite sur le problème humain que pose un immeuble peuplé de locataires, qui esquintent tout deux ou trois fois plus vite. G*** peut bien faire de la démagogie avec les siens, il ne leur demande pas moins 8 ou 900 balles par mois, et n’en voudrait pas pour voisins. De ça je me fous perso, mais pas de payer une somme exorbitante, et, quelques ans ou mois plus tard, que tout soit de nouveau cassé. Sans compter que la qualité du boulot a chance de n’être pas au rendez-vous : il est inutile de souligner que cette ignoble entrée “handicapés”, qui suffit à classer l’immeuble avant qu’on n’y ait mis la semelle, constitue aussi son “embellissement” le plus récent.

     Je me souviens fort bien d’avoir soupçonné Rubel à tort de nous présenter un devis “de Robien” gonflé de commissions occultes (il s’agissait de 110000 balles! C’était la cour des petits!). Le soupçon n’en est pas moins légitime, en présence d’un Monsieur qui, nous annonçant une A.G. “dans les prochains jours” il y a quinze mois, avec chiffrage précis, donc en possession de tous les devis, aurait parfaitement pu les communiquer à l’ensemble des proprios, à fin de vérification. À distance, vous paraissez tous, et surtout toutes, fasciné(e)s par ce type, qui doit vous jouer, à la De Gaulle, « moi ou le chaos » à chaque délibération, de sorte qu’il fait absolument tout ce qu’il veut. Le simple fait qu’il vous ait demandé de tenir votre langue au sujet de l’ardoise totale (de deux patates, si je ne m’abuse?) et que vous ayez obtempéré, est inadmissible, etexplique qu’on ne puisse vous faire aucune confiance pour avoir vérifié si les devis étaient sains, et pas gonflés de commissions destinées direct au compte en Suisse du Chef.

     Travaux non urgents, souvent inutiles, dont le prix reste suspect, et qui n’enchériront pas les appartes d’une roupie; travaux annulés à peine faits, la tour se peuplant de plus en plus d'une racaille dont personne ne veut ailleurs, et la question d’un gardien résident n’étant pas reposée… On va s’arrêter là pour le moment, en mentionnant tout de même in cauda que même si vous avez voté à l’unanimité (et je t’en crois) contre un emprunt collectif, rien n’empêchera Marron d’y revenir quand l’immanquable va se produire, à savoir qu’un bon tiers de cochons de payants, sinon la moitié, ne paiera pas… Les mettre tous à la porte risque de prendre du temps; il sera beaucoup plus simple de demander aux payants de repayer… Ce que les 9/10èmes refuseront. L’issue à long terme étant tout écrite. »

     Ouais, bon, santé mentale, ne nous vantons pas trop, je n’étais pas si fou que ça. J’avais saisi qu’ils ne répareraient pas le toit de toute façon, que j’aurais à le tartiner moi-même de goudron aux bons endroits, et que ça me fournissait un admirable texte pour une grève des charges. La mercuriale pressait au portillon, je ne sus que la modérer, mais l’aurais modérée davantage, rien qu’en faisant plus court, si j’y avais eu intérêt. Céline, cela dit, ne répondit pas un mot à ce message du 29 avril, et cette nano-affaire ne renaîtrait de ses cendres que le 6 juin, je dirai dans quelles circonstances : pendant six semaines, je fus donc fondé à penser que cette garce n’avait fait, en ma personne, que sonder l’opinion, ou, en tout cas, ne voyait aucune raison d’obliger un opposant.

     Tout vient à temps à qui sait attendre, et la convocation à l’assemblée finit par arriver, quatorze mois après la lettre qui l’annonçait “dans les prochains jours”, et accompagnée de documents qui constituaient autant de circonstances aggravantes : la partie “ascenseurs et monte-charge”, en effet, la seule qui s’imposât, apparaissait comme un poste mineur de ce projet pharaonique : de 132000 à 158000 euros, y compris l’aménagement cabine et la remise en service du monte-charge, naze depuis cinq ou six ans… mais comme monte-handicapé, utilisable avec des badges spéciaux, ce qui signifiait, l’immeuble n’abritant pas un “handicapé”, qu’on n’avait affaire qu’à une “mise aux normes” faussement compassionnelle, couleur du temps : mettre en avant quelques malheureux ici purement virtuels, pour booster le chiffre d’affaires des entreprises avec le fric des pauvres, sans rien donner en échange à ces derniers sauf émeute. Tout portait à voir là en germe un beau passe-droit pour les membres du CS qui disposeraient des badges, donc d’un ascenseur rien que pour eux et leurs amis.

     En revanche, la transformation imbécile de la cage d’escalier en escalier d’incendie allait nous coûter de 190000 à 234000 € de maçonnerie, de 69000 à 94000 de portes coupe-feu, et, comble du comble, de 222000 à 256000 de peinture, soit, pour le tout, de 481000 à 584000 € : c’est-à-dire beaucoup plus que la subvention, entièrement bue par le trou noir de l’esquintage à la fois esthétique et fonctionnel d’un immeuble qui, Dieu sait, n’avait pas besoin de ça : je réserve pour la bonne bouche l’énormité majeure, qui ne me frappa pas d’emblée, mais l’ensemble était tellement grotesque et exorbitant qu’on ne pouvait imaginer une seconde qu’une merde pareille fût votée – et cependant j’eus, d’emblée, la certitudequ’elle le serait, de par l’imbécillité d’un cheptel prosterné devant l’homme providentiel, ou, version alternative, vaguement conscient de ma propre crétinerie, qui m’aurait aveuglé à la vertu des mises aux normes. Certitude couplée, au surplus, à l’espoir que ce plan fût adopté, parce qu’il m’arrangeait personnellement! D’après un doc joint, en effet, et à l’évidence contractuel, “ma part” de ces travaux pharao-déconniques, en tant que bénéficiaire d’un “revenu très modeste”, se montait à 3222 € (au lieu de 6779 que casqueraient la plupart des bailleurs, et même une (p)résidente comme la pauvre Céline, obligée de contracter emprunt pour se mettre en mesure!), c’est-à-dire, attendu les tantièmes régnant dans la place, à moins que ne m’auraient coûté les ascenseurs seuls, si l’on eût calculé les écots sur la base desdits tantièmes. Je me trouvais donc le cul entre deux chaises, entre l’évidence d’une gabegie, ou plutôt d’une escroquerie éléphantesque mâtinée de gabegie, et mes intérêts particuliers. Il m’était impossible de taire certaines énormités devant quoi l’œil s’écarquillait; et je n’avais aucune raison de rogner mes griffes, vu comme on m’avait traité; mais, pas plus que quelques autres “revenus très modestes” (les habitants du tiers supérieur), je ne pouvais oublier que ce projet aberrant et bâclé ne me nuisait en rien. Au fond, ce que je désirais flageller, c’était surtout l’attitude oligarchique et panurgienne de ces gens qui s’enfermaient avec leur gourou pendant trois ans pour nous pondre au dernier moment des énormités comme celle-ci :

 

Murs

 

 

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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