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Inventaire avant liquidation
18 février 2019

Vers un dénouement?

     Nous sommes à présent le 2 décembre, et la réunion relative au choix des entreprises reste sans date. Giraud est en vadrouille depuis une quinzaine, il était convenu qu’un nouvel ascensoriste commencerait le boulot (sur la cabine naze depuis trois semaines, suite à vandalisme), histoire de dire les Travaux entamés en 2018; Céline s’impatiente; or, quinze jours (délai tout ce qu’il y a d’habituel) après réception du devis de l’ancien (notre Thyssenkrupp éternel), Marron le valide, sans la moindre explication. Est-ce que ma bafouille à Céline aurait joué un rôle?

     « La question est de savoir, au cas où les pompiers se déroberaient jusqu'à la Saint Sylvestre (et l'on peut se demander en ce cas quelles seraient leurs raisons : M. Briconnet, rencontré à l'improviste sur le parvis il y a une dizaine de jours, parlait de “mépris” : par quoi donc causé???? Ce qui paraît en tout cas clair, c'est qu'ils ne sont pas demandeurs de cet escalier d'incendie), si la subvention ne serait pas ipso facto dans le lac, s'appliquant à “toute l'enveloppe ou rien”. Moi aussi, je suis partisan de faire les ascenseurs (l'argument comme quoi ils sont violentés ne me paraissant toutefois pas le meilleur, car ils le seront tout autant une fois rénovés); mais l'A.G. a voté pour une certaine enveloppe de travaux, avec subvention et quote-parts contractuelles. Ce sera déjà le 13ème boulot d'Hercule de faire rentrer la thune correspondant au vote : si l'on sort de la parole donnée, on ne va pas voir un maravédis, ce me semble. À ce propos, j'aimerais bien savoir ce que deviendront les fonds versés, quand on s'apercevra qu'on n'a pas assez pour tout faire... Simple curiosité.

     Cela dit non pour apporter la contradiction, car on va droit à l'émeute si les gens ne peuvent pas rentrer chez eux. Et je ne vois pas du tout pourquoi ils paieraient leur loyer dans ces conditions. » Peut-être vais-je au devant des craintes du truand? Estime-t-il s’être d’ores et déjà suffisamment échigné pour trop mince profit? Mais peut-être mes nouveaux partenaires (si peu!) ont-ils raison, n’a-t-il jamais été un truand, et commence-t-il à se fatiguer d’une pareille ingratitude? Il est bien curieux tout de même qu’il ne donne aucune explication à ses féaux… Giraud, depuis Petaouchnock, écrit : « Il me manque de l’information », traduction en langage positif de : « Kexé que ce déconnage? Tout était arrangé! » Céline renchérit, de manière moins guindée, déplorant ces 600 € de réparations “jetés par les fenêtres”… dont, aux tantièmes en vigueur, elle paiera, qu’on le dise à charge ou à décharge, 3,24, vous avez bien lu, et moi 18! Je ne comprends pas l’espèce d’envoûtement auquel s’abandonne cette femme, qui n’est pourtant pas stupide, ni cette fois en accord avec son gourou, quand elle geint sur une facture de 600 balles dont elle aura à casquer 3, et réclame à cor et à cri un appel de fonds mille fois plus lourd, deux mille cinq cents fois pour elle, sans voir que… Je n’y tiens pas : « Oui, tout ce vieux matériel, ça doit être frustrant pour eux... Vivement qu'on leur donne du neuf à casser! » Et dans la foulée :

« Monsieur Briconnet, bonjour.

     Pendant que les collègues s’inquiètent de ces travaux sur les ascenseurs qui étaient censés débuter incessamment, je m’interroge sur les réticences des pompiers qui étaient censés demandeurs de cette transformation de l’escalier, et qui semblent se dérober, ainsi que sur la nécessité du cloisonnement des paliers, lequel n’embellira pas l’immeuble, il s’en faut de beaucoup. Et, débarquant dans un conseil syndical verrouillé depuis trois ans, comme vous le savez sans doute, je me demande si l’on a songé à mettre à l’étude le projet tout simple d’ignifuger les portes des appartements (ainsi que celles des compteurs à gaz) en les dotant d’un blindage au moins intérieur. Nous n’avons pas affaire à un immeuble en soi inflammable, les appartements sont isolés les uns des autres, ainsi que du palier : la porte seule permettrait, à la très grande rigueur, à un départ de feu de se propager à l’extérieur (ce n’est jamais arrivé, et n’arrivera probablement jamais), et je pense qu’il n’est pas despotique à l’excès d’exiger d’un c… qui a incendié sa cuisine en se flambant une omelette qu’il ferme sa porte en prenant la fuite. Le seul danger qui subsisterait alors, ce me semble, une fois le monte-charge opérationnel et les paliers déblayés, consisterait en une chaleur très intense susceptible de faire fondre les conduites de gaz intérieures. Mais votre plan ne fonctionne pas non plus si le gaz est touché. Je vous signale à ce propos que certains propriétaires passés au tout-électrique auraient (je n’ai pas vérifié l’info) toujours une arrivée de gaz, mais sans compteur, et qu’il suffirait de baisser une manette pour faire pschiiitt. À voir au 14ème notamment. Nul besoin de vous dire que si c’était vrai, avec la rancune et le grain de folie qui fermentent dans ce bâtiment, et l’accessibilité du moyen de faire tout sauter, il y aurait de quoi serrer les fesses.

     Ce courriel n’a rien de secret. Si je ne mets personne en lecture, c’est simplement par crainte de dire des âneries, d’aborder des questions réglées depuis belle lurette, et parce qu’il est entendu d’avance que je ne peux rien apporter de constructif au débat. Mais tous les habitants sont contre le cloisonnement des paliers, ça mérite tout de même d’être pris en compte, même s’ils n’ont pas le droit de vote.

     Bien cordialement, » : après tout, qui sait s’ils y ont pensé?

     Une ligne, c’est à peu près ce que la Bachinette peut endurer : à cinq heures du mat’ (serait-elle gardienne de nuit?), arrive ce soutien débile et gênant : « Je rejoins les propos ci dessous de Mr B*** et je suggère même qu’à la prochaine réunion syndicale de venir avec nos gilets jaunes parce que vraiment de partout on parle de pouvoirs d’achats et de précarité mais nous à la Tour Saint Mahom on balance 600€ et on fait des devis tout azimut pour des futurs les casses 

     Vivement la vente de mon appartement! »

     « T’as rien compris »? « Tu ferais sagement de vendre tout de suite, ma grande »? Le mieux serait de se taire, mais puisqu’aucun autre interlocuteur ne s’offre… « Thyssenkrupp a bon dos, mais s’occupe de quantité d’immeubles aussi vieux, où il n’a quasi-jamais à intervenir. Selon moi, on va droit à l’implosion si l’on ne se donne pas les moyens d’identifier les vandales et de les expulser – en mettant à l’amende les bailleurs qui louent à n’importe qui. Payer pour payer, ça ne coûterait peut-être pas les yeux de la tête d’engager un détective privé, sérieux s’entend. Cela dit, je pense que la tour est habitée par une majorité de gens paisibles dont certains connaissent la racaille, mais se garderaient bien de la dénoncer. Et j’abhorre, moi aussi, le mouchardage. Mais si ça continue de ce train, notre futur proche, le voici [1]. Et si c’est ça l’issue (je n’ai pas dit : le but!), mieux vaut garder l’argent des travaux au chaud dans nos poches.

     Bon dimanche! » Un peu de provoc au passage, pour faire comprendre à un Shark impuissant à distance (quand il est là, il est sans cesse fourré chez Marron, au point que je me demande parfois lequel pilote l’autre) qu’il ne m’a pas acheté avec une clef? À dire vrai, je sors un peu de mon rôle de défenseur des humbles, et, en espérant faire peur aux nantis (qui doivent connaître par cœur les images que je leur envoie), j’en arriverais presque à m’épouvanter moi-même, qui ne m’en sens pas du tout pour déménager dans un bouge, mais encore moins pour être écrabouillé dans une démolition, à supposer qu’on m’y autorise. Dans quel état au juste se trouvaient tous ces immeubles qu’on a détruits? Comme dirait Shark, il me manque de l’information. Or je n’ai nulle envie de passer d’un lieu où je suis privilégié par un certain isolement à quelque cage à poule au ras du sol, ou trop proche de lui, et pourvue d’un voisin du dessus. Ma crèche est un peu éloignée de l’idéal, mais beaucoup moins que ne se le figure un observateur extérieur : somme toute, Maurice à part, je n’ai pas connu mieux. Car les baraques dans les bois où l’on gèle l’hiver, les cheminées de fées évidées et autres cagnas sans eau ni électricité, j’en ai soupé. Et vu la conjoncture, qui semble aller accelerando vers une liquidation des acquis de 1936 et de toute forme de solidarité entre citoyens, il serait naze d’espérer disposer un jour de mieux que ce que je possède. La cataracte ne m’interdit pas absolument de regarder le paysage, et ces jours-ci, avec le rond-point à un… tir de baliste, j’ai été aux premières loges de l’actualité gilets-jaunes, que je n’ai toutefois pas rejoints, par peur de les gêner avec ma gueule de cauchemar – et incompréhension, aussi, de leur action, qui me paraissait plus propre qu’autre chose à irriter le tout-venant des automobilistes (et surtout des chauffeurs de poids-lourds, dont les meuglements m’ont d’abord alerté), et à visser à son trône le petit trouduc téléguidé par les milliardaires. Cela posé, je ne perdrais pas grand-chose à crécher dans un studio : je me fais souvent l’effet d’être prisonnier de quinze mille bouquins, dont dix mille, et souvent les acquêts les plus récents, pourraient disparaître sans changer ma vie d’un vent. Et quelques voisins moins incultes ou moins prétentieux… bah, il est trop tard pour avoir le temps de combattre ailleurs les préventions qu’inspire mon visage. Je suis plutôt bien loti, voilà la vérité, et à moins de découvrir in extremis la nécessité de payer ici-bas avant l’aventure de l’au-delà, c’est ici qu’il faut que je m’accroche. La Bacha, elle, souhaiterait qu’on démolît, espérant “s’y retrouver” : et moi, je veux sinon mourir entre mes murs, du moins n’avoir pas à déménager : je refuserais donc une telle alliée, même si sa cervelle et son affectivité ne souffraient pas d’un mal inguérissable, du même que moi, peut-être, à la source, sauf que le retour ne m’est pas fermé, et que la discipline de l’écrit m’évite les extrêmes de la confusion mentale, mais qu’en revanche elle ne perd jamais de vue, elle, ses intérêts matériels, même au sein du délire mégalomaniaque, alors qu’en ce qui me concerne, je me demande encore quelle mouche m’a piqué, de m’insurger contre ce train de travaux imbéciles, alors qu’on me collait un méga-rabais : tout pour l’œil, mais quel œil? Celui des petits proprios? Ils me voueront aux gémonies si la subvention est annulée. Celui des locataires, que j’accuse de vandalisme? Aucun n’a pris la peine de descendre, et on n’en aurait pas plus à présent : ils s’en fichent pas mal, se considérant comme de passage, et ne s’en ficheraient plus du tout, quand on leur glisserait dans le creux de l’oreille que c’est “par ma faute” qu’on n’aurait pas réparé les ascenseurs… En fin de compte je n’aurai servi à rien, ni dans un sens ni dans l’autre, mais si j’obtenais quelque chose, ce serait, au rebours de mon propos, d’accélérer les départs de propriétaires-résidents, donc de rendre la tour de plus en plus inhospitalière! Du beau travail!

 

[1] Je supprime en ligne le lien qui menait à l’implosion magistrale d’un bâtiment similaire au nôtre, lien qui permettrait de situer ma ville, et, sans trop de mal, de m’identifier. Je n’ai plus que deux lecteurs, selon toute apparence l’ami Gogol et un autre watchdog institutionnel, mais je n’ai ni les moyens de payer un avocat ni le temps d’affronter les tribunaux.

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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