Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Inventaire avant liquidation
4 janvier 2019

Fausse sortie

– Je le sentais venir, oui, aurait-on dit. C’est surtout mon rapport au réel qui me semblait spécialement avarié

– Ça ne date pas d’hier.

– Non. J’ai pu avoir du succès, autrefois, comme pourvoyeur d’émotions, et pas seulement auprès d’auditeurs en bas-âge, mais corrélativement, n’ai-je pas toujours été du côté du faux? Toute apparence de conviction, mienne, s’entend, commence à me paraître suspecte, et presque une preuve d’erreur. Ce Maître Pathelin qui nous a annoncé une A.G. “dans les prochains jours” au début d’avril 17, et qui nous a envoyé depuis trois appels de fonds sans y joindre le moindre document ni la plus légère excuse…

– T’auras eu le temps de limer tes mercuriales!

– Et de les oublier. Mais seraient-elles bonnes à quoi que ce soit d’autre qu’à multiplier mon écot par trois ou quatre, et me faire planter sur la tête une antenne qui ne va pas cesser de grincer?… Savoir surtout, si je ne me trompe pas, comme d’hab? Est-ce que ce type n’a pas trop l’air d’un escroc pour en être véritablement un? Toutes ces femmes à genoux devant lui le sont-elles nécessairement pour des causes irrationnelles? Et même si, leur boussole intuitive ne serait-elle pas moins détraquée que la mienne? Leur confiance plus justifiée que ma méfiance? Un sujet parmi quelques autres… Je pourrais avoir conscience d’une dégradation cérébrale, et outre ça, du fait que vivre en ermite depuis quinze ans ne développe pas votre pertinence touchant le monde qui vous entoure; mais le mal vient de plus loin

– Et tu l’as cent fois dénoncé.

– Presque à chaque fois que le nombre, ou les experts, ou, beaucoup plus rarement, les chefs, avaient eu raison…

– Et au fond, comme ce divorce avec le réel se produit surtout en matière humaine, il se confond à peu près avec notre bonne vieille forclusion de l’altérité. Les autres ne sont pas toi, voilà tout.

– Et il faudrait les en croire? L’ennui, c’est qu’ils me paraissent, opiniâtrement, se distinguer surtout par la crédulité face aux casquetteset la complaisance vis-à-vis d’eux-mêmes. 

– Ah ah ah! De quoi tu te plains, alors? T’as qu’à reprendre ton 16 janvier à huit heures et quelques, ou à laisser de côté cette devenue-fiction, et à continuer de nous déverser en vrac tes petites manies personnelles, jusqu’à ce qu’une saine réaction de dégoût te fasse tout effacer!

– Non, je crois que ces choses-là trouveront place, de façon beaucoup plus discrète, dans la nouvelle semi-fiction que je projette…

– Oh! Le monologue intérieur d’un vieillard enf

– Je ne sais pas si ce sera un monologue intérieur; en tout cas, dûment ponctué et alinéé! Ni si je n’opterai pas pour une vieille. Ni s’il ou elle aura accueilli chez lui son petit-fils, sa petite fille, ou quelque variante de gamin d’une voisine morte.

– Ça fleure fichtrement le réchauffé.

– Et l’enfermement dans les chiottes aussi, accidentel ou non. Et le contraste entre l’amour éperdument compassionnel du vieillard qui ne pense qu’au gosse qu’il laisse derrière lui, et la haine que lui voue ledit gosse, enchanté du bon débarras, sonnent aussi déjà-ouï. Mais ça me fera du bien de me mettre à la place de quelqu’un qui pense aux autres, ou à un autre. Et les idées m’ont harcelé pendant que je m’étais donné une autre mission

– Ce qui les dispensait de se concrétiser.

– Mais me dispensait aussi de rendre la suite dépendante d’un démarrage à l’étourdie. On verra. Ce sera peut-être une simple nouvelle, et l’occasion d’en reconsidérer un certain nombre d’autres, abandonnées prématurément. 

– Alors c’est reparti?

– À en juger par mon appréciation habituelle du vrai et du faux, il n’y a rien d’impossible à ce que j’aie cavalé la vie durant sur une fausse piste. Mais à quel reflet veux-tu que je me fie? Qu’il me reste pour interlocutrice unique et intermittente une femme pour qui verve, alacrité, style même, sont des qualités sans intérêt, voire des mots vides de sens, ne me fait certes aucun bien : merde, mais mes pires ennemis ont prêté un minimum de charme à ma prose : se peut qu’elle l’ait perdu, mais tout de même pas dès 2006, pas au point d’assimiler un article léger, mais troussé d’une plume alerte, à l’éluc du quasi-analphabète imbécile qui le commente sans l’avoir lu! 

– Il ne m’est point souvenance que tu aies fait une telle fête aux dix ou vingt lecteurs en une vie qui t’ont honoré d’un avis élogieux et/ou judicieux!

– Ceux qui semblaient les plus enthousiastes ont laissé choir dès qu’il s ont constaté un insuccès durable, ou qu’il leur a paru que je ne renvoyais pas l’ascenseur. Je n’étais donc qu’un niais de faire fond sur eux. Mais je ne le puis pas davantage sur moi, apparemment, que ça jaillisse ou que je me force. Plus je vais, plus je travaille et retravaille – les présentes pages s’inscrivant en marge du processus, et n’en étant pas, dirait-on, meilleures – mais avec la conviction térébrante de sculpter de la merde fossilisée. L’entreprise ne vaut pas, surtout sans autre toit que la présente tôle ondulée, les sept années que lui ai consacrées. Elle s’inachève avec plus de questions qu’elle n’a commencé, il n’est pas impossible que j’y réponde un jour, avec l’aide ou non de quelque gourou de chair ou de papier, ça ne transmutera pas ce fatras en chef-d’œuvre. Je persiste néanmoins à penser que c’est un des écrits, sinon l’écrit intime le plus lucide, le moins complaisant que je connaisse. Mais je commence à en avoir sérieusement marre de moi, et surtout de parler tout seul. Il est vrai qu’une fois de plus, c’est pour parler encore plus seul que je m’arrête, et qu’il sera dur d’y tenir. Mais ça va me permettre une diversification des travaux et une liberté d’emploi du temps… Attention! Routine verbale! Car si je veux vraiment rapetasser, étudier méthodiquement mon style, mettre mes chansons en musique, en écrire d’autres, retrouver un semblant d’inspiration poétique, partir à la recherche d’un talent pictural, finir Tu meurs, finir Tueur d’âmes, finir Transplantations, et je ne parle que des plus avancés… Croyez que je suis le premier à en sourire : voilà qu’on m’annonce qu’un troisième bonhomme a inscrit Narcipat à son reader : quoi que ça veuille dire, c’est le troisième… en 24 heures, et le quatre, cinq, sixième peut-être en dix ans? Pour quelques filles à poil! Mais freinons les sarcasmes, ou sachons les retourner contre nous.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité