Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Inventaire avant liquidation
21 janvier 2019

Parti des Sans-Télé et Redevance Audiovisuelle

     Sitôt dit, sitôt fait, et, ma foi, sans trop poireauter. Seulement voilà : « Ah, il faut que je lui demande! Mais dites-vous bien qu’il y a beaucoup d’attente! On ne pourra pas vous loger avant une dizaine de jours! On vous rappelle avant ce soir! » Pas si sot que de compter là-dessus; mais je ne peux pas non plus les relancer dans l’heure, même juché sur les privilèges de l’homme qui paie. Sautons à pieds joints par-dessus la journée, puisque l’écrire commence à prendre du retard sur la vivre : cette relance, que j’ai eu bien du mal à m’imposer l’après-midi, à une heure de la fermeture, m’a laissé profondément satisfait et irrité à la fois : irrité de mes prosternements devant les pontes et leurs satellites; et satisfait d’obtenir un coupe-file, ce qui de la vie ne s’était produit. Au bout du fil, la femme a changé : à la dame mûre a succédé une gamine, plus sensible, ce me semble, à ce que je lui raconte de ma vie et du problème de société posé par le souci d’une rentabilité-bidon qui consiste, Chomsky m’a ouvert les yeux là-dessus, en un transfert de travail précisément catastrophique en termes de productivité générale, du professionnel à l’usager. Pour s’éviter trente secondes de désondage, les infirmières-en-uro infligent une ou deux heures de téléphone aux patients, lesquels n’arrivent qu’à grand’peine et ahan, ou pas du tout, à trouver une “libérale” qui veuille bien se pointer chez eux, attendu la maigreur des remboursements. En contant ça brièvement, pour répondre à « c’est pas la peine de courir un risque », je m’imagine flatter une sorte d’hostilité intra-départementale des secrétaires à l’encontre des infirmières, laquelle n’existe que dans mon imagination tordue?? Pas sûr, car à peine la petite a-t-elle promis de me rappeler dans l’heure, qu’elle s’exclame tout à coup : « Ah! Je le vois! Ne quittez pas! Je vais lui demander! » Et il va sans dire que le Grand Patron ne saurait démentir sa réputation d’ouverture et d’affabilité… Quant à mon texte, vous auriez entendu cette kyrielle de « Merci infiniment! », vous auriez cru le dialogue traduit de l’italien. Et voyez la déformation : ces saynètes datent d’hier, et je m’avise qu’elles sont déjà remaniées par le besoin d’y introduire du sens, et si possible le sens réducteur d’intentions viles : c’est seulement lors de son rappel que cette jeune fille, en fixant mon heure de rencard, m’a rappelé la nécessité du désondage, à quoi j’ai répondu que j’y procéderais moi-même, etc : la serviabilité de “la gamine” (qui a peut-être soixante ans) est donc antérieure à mon baratin, qui l’aurait peut-être empêchée d’éclore, si j’avais eu le temps de le faire sonner. Rien, soit. Mais pas si rien tout de même, quand on songe aux innombrables fois où l’anecdote fausse n’a pas été corrigée sur-le-champ, surtout quand on pense qu’un rigolo pareil se pique d’instruire à charge et à décharge!

     Ne perdons pas trop de temps à en rire, et revenons à Dieu, dont le coup du jour madérise depuis un bail, puisqu’il s’agit de l’adjonction de la redevance audiovisuelle à ma taxe d’habitation. D’abord, l’enjeu est faiblard : cette année, je vais probablement bouffer le double de mon revenu, sur lequel je paie zéro d’impôt, et vous savez combien peu, sous le singe qui nous gouverne, il faut toucher pour cela. Ce qui ne m’empêche pas, au mépris des promesses, de recevoir avis de 300 balles de taxe d’hab, accompagné d’un mot comme quoi elle a baissé de 30%, si macronique en son falsiculat que la rage me biche… moderato :

     « Comme tous les ans, ou très peu s'en faut, je reçois une taxe d'habitation grossie d'une redevance audiovisuelle.

     Comme tous les ans (ou très peu s'en faut), j'ai COCHÉ LA CASE.

     Je n'AI PAS la télévision, ne l'ai JAMAIS EUE, et NE DÉSIRE PAS L'ACQUÉRIR.

     Je vous serais donc obligé, si la loi n'a pas changé, de bien vouloir m'accorder, comme tous les ans, le dégrèvement de ces 139 €.

     Désolé d'user (ou du moins d'essayer d'user) de la même adresse que tous les ans (ou très peu s'en faut) : je n'ai pu ouvrir d'espace personnel sur impot.gouv.fr, n'ayant pas retrouvé de double de ma dernière déclaration.

      Cordialement mais opiniâtrement »

     Ils me l’accordent tous les ans, en effet, alors qu’ils pourraient à peu près tout se permettre. Raison pour quoi je me suis toujours montré excessivement courtois, et ne leur ai jamais redit noir sur blanc ce que m’a quasi-avoué l’un d’eux au bigophone : ils ne regardent jamais cette case, “mal placée” selon lui : quelle fraction du peuple représente le PST? Ah merde! J’étais sur le point d’élucubrer au hasard, mais l’enquête a déjà été faite : 600000 foyers en France ne paient pas la TAV, ce qui représente, si l’on tient compte de ceux qui se sont lassés de réclamer, dans les 4% de la population, dont, misère, une majorité d’enseignants! Mais n’entons pas ici une digression supplémentaire, et revenons à la tactique du fisc, qui est limpide, c’est la même que celle des banques, qui ne lisent pas les sommes en lettres sur les chèques, ou de toutes ces boîtes qui vous collent d’autor en prélèvement automatique, mais n’opposent aucune résistance quand on s’insurge. Je crois avoir assez dit que je ne tirais nulle gloire d’être au nombre des réfractaires à la télé… pour qu’on ne m’en croie point, et cependant il est bien exact que j’ai plus d’estime pour qui, l’ayant, la regarde une fois par mois que pour celui, comme moi, qui s’en prive de peur de n’en plus décoller. Du reste, l’autarcie fait sans doute plus de mal à la pensée que le grégarisme. Mais les gens qui reçoivent mes fustigations, et se savent un pouvoir sans limites sur les contribuables trop modestes pour se payer un avocat, pourraient très bien prendre ce type humble et doux de cœur pour un trouduc arrogant qui chahute leur lucarne chérie en même temps qu’il trouble leurs siestes. Attendons. Ce qui demeure toutefois, et demeurerait encore si, de par mon inepte agressivité, j’avais à raquer pour une télé absente, c’est que la gravité descendante se confirme; or, dans ma petite logique, je ne puis en démordre : si Dieu était aux commandes, Il devrait frapper de plus en plus fort, pour me donner à craindre cette Existence à laquelle je ne crois toujours pas croire. Mais quel coup pourrait m’en convaincre, et qu’irais-je faire de cette conviction? L’esprit hypergnangnan de notre (début de) “siècle moral”, comme dirait Stendhal, me souffle qu’il me serait enjoint avant tout de faire preuve d’un altruisme d’une autre envergure et d’une autre implication qu’un peu de largeur de paume face aux orgas caritatives et aux mendiants semi-pros. Il faudrait donner de mon temps et de mes forces pendant que je le puis encore. Mais il n’est pas dit que Dieu soit cet ennemi du bonheur sur terre qui reste inchangé dans sa chambrette depuis mon enfance : qui sait même si l’excès de l’exigé et la honte de l’obtenu ne seraient pas à classer au nombre de mes pires péchés?

Publicité
Publicité
Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité