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Inventaire avant liquidation
22 janvier 2019

Microschronique de mes délabrements réels et pourtant joués

     La correction de l’Inventaire, mon suicide euthanasique, ma résistance à la grâce… Je ne vous cacherai pas que je suis friand de ces mêlements de thèmes, peut-être parce que le fouillis masque le manque de méthode et l’extrême banalité des “trouvailles”. Le bilan d’ailleurs ne saurait être complet : je garde entre autres pour le chapitre suivant un “retour aux affaires” qui accuse de graves signes de décrépitude.

     Puisque je ne relève rien de significatif ce mardi, consacrons quelques lignes à l’évolution des autres zones que l’urinaire, et tout particulièrement à notre petite Histoire de l’œil. J’ai vu mon ophtalmo fin septembre, quelques jours après l’urologue, et n’ai pas eu à jouer des grandes orgues : une simple allusion aux forums de patients, tous plus renseignés que moi sur leur cas, a suffi : m’est avis que les appréciations Google sèment une pire terreur chez les médecins que chez les avocats ou les plombiers, surtout dans une ville où la concurrence est rude; mais une fois de plus, la remarque ne s’applique pas à une dame dont il faut sept mois pour obtenir un rendez-vous, et qui, in fine, m’annoncera qu’elle se retire l’été prochain. N’importe : jamais je n’aurai obtenu autant d’explications, auxquelles je n’ai compris goutte d’ailleurs, si ce n’est que la tension oculaire n’a rien à voir avec un “œil qui pète”, qu’elle a baissé de quatre points grâce à ce Monoprost qui me fait mal, que l’appareil jusqu’auquel Meudème m’avait tiré par la manche est censé détecter une maculopathie, et non mesurer la tension… Bref, les efforts, examens, prescriptions relevaient de la prévention, visant un patient évidemment à risque… mais du seul fait de sa borgnitude. Soit, la cataracte s’aggravait, ma vue descendait, mais doucettement encore, et certes pas au point de tenter l’opération, même pas de changer de lunettes! J’avais oublié, en effet, cet indice de probité : je porte depuis quatre ans celles qu’un autre m’a prescrites. « Après l’opération, vous retrouverez les dix sur dix! » Textuel. Je ne vais pas faire le difficile devant ce pronostic, mais voici qu’à présent je commencerais presque à m’inquiéter du délai plus que du danger de ratage. J’y vois déjà bien mal, et ce sont mes loisirs, plus que mes travaux, qui vont en souffrir, vu qu’on peut toujours grossir les caracs sur écran… bah, et lire à la loupe, après tout! 

     L’autre terrain, qui m’apparaissait comme fort subalterne, mais où une intervention fleurait le définitif, c’était la dentition. J’avais tout gardé en place, les pourries et les autres, en vue d’un séjour chez ma mère, persuadé d’être réduit ensuite aux soupes et purées; or je n’en ai pas avalé une gamelle, ni n’ai eu à m’offrir un mixer : Grincheux m’a arraché six dents en juin-juillet, ce qui porte à treize le total des pertes, aggravées par le fait que seules canines et incisives se font encore face, mais ces dernières usées jusqu’au vif, de sorte qu’aucun mets qui craque ne me donne plus de plaisir; n’empêche qu’un ersatz de mâcher reste praticable, et que le chewing-gum demeure mon amuse-gueule à longueur de jour. J’ai repassé la barre des cinquante, d’assez peu, mais il faut que je me sente bien mal pour que la joie de maigrir ne m’en console pas, et que la grande frime des quarante cesse de m’attirer. Le cadavre décharné qu’était mon père, je le suis déjà, en plus ambulant et moins bredouillant, mais avec 27 ans d’avance : on pourrait croire que je m’en rends compte, puisque je l’écris, mais non : ouarfff, c’est l’écriture qui est clivée! Un pied dans la tombe, je persiste à jouer les morts vivants. Ce qui me déplaît fort, pourtant, et que je n’avais pas prévu, ce sont les modifications de ma tronche, et surtout les deux trous de profondeur inégale que m’ont laissé ces extractions. Bon Dieu! Je ne me serais pas douté que j’avais encore de la beauté à perdre! Je ressemble à un shar-peï qui pencherait la tête! La petite Arabe avec laquelle j’ai copiné au CS (nous sommes les deux seuls opposants) a du mérite à s’être installée à côté de moi, et, si nous n’avons pas ici une cause de mort à proprement parler, ça se pose là comme cause d’enfermement, chez soi et dans l’écrit. Merde. La pitié naissant du dégoût chez une élite, on ne peut même pas dire que j’ai le choix entre l’un et l’autre. Je n’ai pas vu de photo de Gourmont avec son lupus, ni guère lu de sa prose, mais sa claustration me le rend fraternel, quoiqu’il y ait une paye que je suis plus reclus que lui. 

     Le mercredi, lui, s’est consumé dans des angoisses dérisoires. Celle de ne pas “réussir” mon désondage le lendemain; celle que ces dragons d’infirmières ne me refusent accès à la débitmétrie; celle d’oublier je ne sais quoi : je me munis de trois moyens de paiement différents; celle, dont on aurait excusé l’objet s’il n’avait daté de deux ans, de voir la chaudière à gaz que le sieur Patier avait eu tant de mal à monter, en se niquant les reins pour pas un rond de supplément, choir à terre, entraînant ses tuyaux, cramant ma cuisine, plus tout l’étage. Cette chaudière est indéniablement de guingois, aussi bien de face que de profil, mais c’est là une difformité dont elle s’accommode depuis sa pose, ou au moins le lendemain d’icelle. Périodiquement, je sens couler des sueurs froides en constatant que la gîte s’est aggravée, mais l’angle abominable que je découvre a chance d’être exactement celui même qui m’avait fait frissonner le premier jour, et poser des cales d’urgence. Un bis a dû survenir depuis, peut-être un ter et un quater, mais ce matin, j’ai l’impression d’avoir installé, hideux ou non, des contreforts définitifs. Évidemment, une explosion, un incendie, pour mézigue, c’est d’une tout autre pointure que pour le citoyen respectueux des lois, détenteur d’un contrat d’entretien, et de certifs annuels de ramonage, que la loi nous impose, mais dont les pros savent qu’ils ne servent absolument à rien pour ce type d’appareil. Bon, ça me fait une petite économie. J’enrage en revanche de claquer la peau des fesses en assurance, versée à des gredins déjà tout prêts à refuser tout remboursement d’un cambriolage si je suis hors d’état de produire les papiers ci-dessus, qui n’ont rien à voir. 

     Mais au diable. Je n’en finirais pas. Voici que m’arrive, pour finir dignement ma journée, la réponse des impôts : « Vous n'avez pas coché la case 0RA de la déclaration des revenus signifiant que vous n'aviez pas de téléviseur au 01/01/2018, la contribution à l'audiovisuel public a donc été justement établie. 

     Je prends note de votre message et vous informe que la taxe est annulée. Vous recevrez ultérieurement un avis de dégrèvement de 139 €. » On dirait une lettre de De Gaulle telle que les décrivait Sartre : “Mais oui, naturellement” dans la première partie; et, sans transition, “évidemment non” dans la seconde – sauf que c’est l’inverse : on n’a même pas le temps de se dire : « Ah merde, il va falloir batailler », que l’émotion s’apaise. Fut-il un âge d’or où j’aurais répondu : « Ah ah ah! À qui voulez-vous faire croire que vous ayez regardé? » Non, pas de blagues, il n’en fut pas. J’ai toujours surgonflé en imagination les pouvoirs des proches de la loi : de l’avocate, par exemple, qui s’était occupée de mon divorce d’avec Chantal, et qui, tablant sur une mauvaise communication entre séparés, tentait de faire payer à chacun la totalité des honoraires : j’avais répondu en évoquant une probable faute de frappe, en réalité impossible, et l’éhontée femelle n’avait pas hésité à prendre cette sortie de secours. La victoire de ne pas payer me suffit amplement, à une époque où elles se font rares, et d’autant plus qu’en l’espèce, je n’ai aucun souvenir de ma déclaration, et m’avise un peu tard que, comme un con, je l’ai plus ou moins admis dans le dernier alinéa de ma lettre de réclamation.

     Mais, à force de flemme, nous voici déjà au grand jour de notre microschronique : le désondage s’avère une opération si ridiculement aisée que le temps manque pour s’y créer des angoisses : me voici donc délivré à reste-de-vie d’une imposture, à mettre dans le même sac que celle des “soins de sonde” qui consistent à se briquer le nœud au Dakin. Il ne me reste, au pis aller, qu’à apprendre à me sonder moi-même, ce qui ne doit pas être bien sorcier; mais les urgences restant mon dernier point de contact avec la jeunesse, et, souvent, la beauté féminines (Yasmine à part, d’accord)… bon, je ne m’offrirais pas sciemment une rétention pour revoir ces mignonnes auxquelles je ne rougis même plus de confier mon pénis flétri, mais une fois de temps en temps, quand elles ne me font pas attendre pour le plaisir, et consentent à faire comme si ma survie importait… eh bien non, ce n’est pas si désagréable.

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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