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Inventaire avant liquidation
13 février 2019

Mercuriale magistrale ou ridicule?

     Au beau milieu de notre conversation, une Maghrébine s’approche timidement de nous… de lui, devrais-je dire, et lui demande s’il est bien “le Monsieur qui achète des appartements”. La gueule! Il a vraiment l’air à l’étroit dans ses pompes. « Non, c’est pas moi, enfin j’en ai acheté, mais je n’en achète plus. – Vous ne savez pas qui en achèterait? – Ça dépend à quel prix » : ça, c’est moi, mais la bonne femme enjambe comme merde molle et collante ce que je peux dégoiser. Très bonne chose en un sens, que les gens n’imaginent même pas que je puisse avoir de quoi devenir bailleur! À peine s’est-elle éloignée : « Ça doit t’arriver tous les jours? – Non, c’est la première fois! – Éclatante confirmation! Au sortir de l’A.G., les prix plongent déjà! Tu l’aurais eu à soixante. – Le plancher, c’est soixante-dix. – Et, qui sait? cinquante dans un mois. Si ton fils achète à 70 et fait pour 40 de travaux, y a des chances pour que ce placement l’ait ruiné. » C’est un sourire jaune qui me répond : je me suis assez fait bananer pour n’affirmer plus rien, mais tout de même je vois comme un doute relié chagrin lui voiler les yeux. Apparemment, mon propos est venu à la rencontre d’une angoisse nourrie de longue date. Est-ce pour ça que je le quitte comme si c'était mon meilleur ami? Bah, piètre mystère : comme on fait, je fais, voilà la clef, et je ne la vois pas en passe de changer : ce n'est pas dans la dernière ligne droite que je va devenir quelqu’un.

     De toute façon, même si ce n’était pas un vain mot, comment se faire un ami d’un type incapable de penser à autre chose qu’à ses pitoyables profits et aux mensurations comparées de quéquettes? Savant en realia technico-juridiques, que je ne songerais pas une minute à lui disputer, il lui faut bramer à chaque minute qu’il avait tout prévu, tout signalé, etc, “dès le début”, comme si cela avait la moindre importance; en deux heures, il m’a énuméré je ne sais combien de spécialités èsquelles il serait grand clerc, à l’entendre, et je le vois d’ici, comme mon ex-collègue Müller, inscrire son moindre DEUG sur sa carte de visite. Mais, quoique très faux-jeton lui-même, comme je ne tarderai pas à m’en apercevoir, il semble infichu d’imaginer l’envers du décor, le double langage d’un qu’il côtoie, voire de mettre en rapport deux ou trois faits, comme l’afflux des bailleurs, le vandalisme, et l’opportunité des travaux, il ne voit que son boulon, la traverse lui échappe, et ceux qui se trompent d’un millimètre dans la mesure du boulon sont les cons de cet esprit étroit. N’importe. Je ne suis plus en attente d’interlocuteur pour mes derniers ans ou mois. Ni d’obligés? Là, je serais moins positivement négatif : pour chimérique que je la connaisse, l’idée que les fillettes de l’immeuble me sourient non par charité, mais par respect du courage et de la verve avec lesquels je “les” défends, ne laisse pas de me chatouiller; peut-être même cette motivation de ma dissidence l’emporte-t-elle sur la rage qu’on se fasse avoir par des truands, auréolés par des idiots, même si je ne suis pas personnellement lésé, et si le populo ne mérite pas plus de compassion que de dévouement. Qui sait si ce n’est pas le mépris des marchands de mouton, m’associant à leurs ouailles bêlantes, qui m’est intolérable? 

     Toute cette affaire est truffée de pièges qu’il m’est impossible de démêler sans renseignements, même en potassant des semaines un sujet des plus rébarbatifs. Shark, lui, possède une part du savoir qui me fait défaut, mais chez lui parfaitement stérile, car il n’imagine même pas qu’on puisse le truander… à moins qu’il ne commandite lui-même l'opération? Je ne vois pas trop ce que lui rapporterait, en l’espèce, le reclassement furtif de l’immeuble hors-IGH, qui permettrait à Briconnet de commencer illico des travaux que ne validerait pas l’ANAH ensuite, d’où retrait de la subvention – lequel lèserait ceux qui en profitent le plus, et qui pourraient bien, à cette occasion, être tous balayés… Est-ce que Shark-junior en profiterait pour croquer une douzaine d’appartements supplémentaires? Je crois plutôt qu’il vouerait son père aux gémonies pour l’avoir embarqué dans une pareille galère… Mais faut voir : le 11, je mets à profit l’arrivée du compte-rendu de l’A.G., vide de pulpe et de jus, pour consacrer une petite recommandée à mettre certaines horloges à l’heure de Green Witch :

 

« Objet (principal) : risque de reclassement de l’immeuble et d’annulation des subventions de l’ANAH

 

Maître,

 

     J’ai bien reçu le P.V. de l’A.G. du 25 juin, et me réjouis, le croiriez-vous, de n’y trouver rien à redire, à ceci près que je n’ai pas entendu le moindre “appel à réserve sur la régularité formelle de la présente assemblée”. Mais il se peut que j’aie eu une absence, et quoi qu’il en soit, faute de notion précise de ce que serait une “irrégularité formelle”, ne puis que me contenter d‘émettre les plus fortes réserves touchant la validité d’une décision prise à la majorité d’enlaidir et de détériorer notre immeuble, et notamment de transformer en une sorte de bunker le palier d’un 18ème étage lumineux (de jour). Et d’autre part, sur une carte blanche votée à des gens dont nous ne connaissions que des plans aberrants, des factures XXL et un boniment de camelot. Le désir de M. Briconnet de nous rencontrer, du reste, comme il fallait s’y attendre, a fondu au soleil du OUI.

     Mais soit! Admettons qu’un vote déraisonnable puisse être tenu pour légal, et que l’unanimité ne soit pas requise pour opérer des modifications d’une telle ampleur, à la fois hideuses et dangereuses. Je voudrais simplement ici 1) rappeler le démenti formel et public que vous avez opposé à l’existence d’une enveloppe de deux millions dont les 860000 € du jour ne constitueraient qu’une première fraction; 2) poser quelques questions qui n’ont pu se faire jour à l’A.G., et dont vous voudrez bien excuser l’éventuel, voire probable, fond d’ignorance et de naïveté, en songeant que de trois ans le copropriétaire lambda n’a reçu d’information que via une lettre d’avril 2017 annonçant “dans les prochains jours” une A.G. qui s’est déroulée quinze mois plus tard, avec toutes les apparences de la plus complète improvisation.

     Je désirerais donc savoir s’il est possible que l’ANAH retire sa ou ses subvention(s) une fois les “travaux” effectués, les estimant non conformes, ou trop tardivement exécutés, (comme ce fut le cas il n’y a pas si longtemps, sur un chantier beaucoup plus étroit) ou pour toute autre raison. Auquel cas, qui paierait la différence? Bien évidemment, ceux auxquels on aurait fait ce “cadeau” révocable, qui n’auraient voté oui qu’en considération du rabais, et se trouveraient poussés vers la sortie avec une force, disons, encore accrue, puisque, si mes évaluations sont exactes, au moins la moitié des propriétaires-résidents a déjà fui la tour au cours des trois ans qui précèdent.

     Une des raisons possibles d’un retrait de subvention(s) aurait trait au reclassement désinvolte de l’immeuble hors IGH, le dispensant comme par magie de satisfaire à un certain nombre de normes, ainsi que d’autorisations de la mairie, sollicitées jusque là. Quant une tour fait 50,10 m (selon la mesure de M. Giraud, qui n’est pas sans compétence professionnelle en la matière), on ne peut se contenter de passer outre en disant qu’on élèvera le parvis de 10 cm (ce qui bloquerait toutes les portes donnant sur le rez-de-bitume) ou de transformer ces 50m10 en 49m99 ou je ne sais quoi, en s’exposant ensuite aux lourdes conséquences d’éventuelles rectifications. Il est évident que les plans insensés qui nous ont été envoyés en vue de l’A.G., et qui, “quinconce” ou non, coupent deux habitants sur quatre de leur propre compteur à gaz, les obligeant, au cas où ils auraient décelé une fuite, à descendre au rez-de-chaussée pour remonter “de l’autre côté du mur” (avec toutes les conséquences que je vous laisse imaginer), n’auraient jamais été validés par la DAI… ni davantage par l’ANAH, dont on est en droit de se demander à quel projet au juste elle a bien pu accorder des subventions. Mes nouveaux (et souvent anciens) collègues du CS en tout cas semblent n’avoir aucune souvenance du projet initial, c’est-à-dire de celui même qui nous a valu cette aide considérable. Quoique fort ignare ès lois, je serais étonné que le vote de quelques minus habentes obnubilés par la confiance qu’ils ont en vous, et/ou la “réduction” dont ils bénéficient, suffise à vous exonérer de toute responsabilité en cas d’accident provoqué par cette ”mise en sécurité”, qui, telle du moins qu’elle apparaît aux dernières nouvelles, mériterait d’être rebaptisée “mise en péril”, puisqu’on en crée là où il n’y en avait aucun, ou quasi.

     À supposer qu’on ait raccourci la tour sur le papier pour se permettre d’y faire n’importe quoi, ne vivrons-nous pas sous la menace d’un nouveau reclassement rectificatif? Ce n’est pas une question académique que je vous pose là, car, ayant déjà pris contact avec la DAI (avant l’A.G.), j’hésite à la relancer, craignant d’attacher le grelot et d’attenter à la part souhaitable des travaux (c’est-à-dire à peu près tout sauf la transformation de l’escalier en escalier d’évacuation), mais estimant que si la subvention doit être retirée, mieux vaut qu’elle le soit avant d’être “dépensée”, et qui pis est à saccager le bâtiment.

 

     Un point mineur pour finir. Bien que les relations de cause que vous avez établies entre certain appel du 6 juin aux habitants de la tour et votre refus, d’ailleurs inexprimé, d’obvier aux infiltrations que j’ai à subir (de loin en loin), en disent beaucoup plus long sur vous et votre fine équipe que sur mes motivations, je profite de cette lettre pour vous avertir que, deux professionnels ayant déjà constaté les dégâts et pris des photos, je n’ai plus besoin d’huissier pour prendre moi-même les décisions qui s’imposent, et, sans réponse de vous, procéder, à la première menace d’averse, à des réparations provisoires : le toit ne m’appartient pas, mais étant (pour l’heure) le seul lésé par votre incurie délibérée, je n’en irai pas moins le badigeonner de goudron aux endroits voulus, et défalquerai de mes charges le coût du matériel. 

     Non seulement la politique de mensonges et d’atermoiement indéfini dont vous avez manifestement donné la consigne à votre assistante me paraît d’une triste inélégance, mais il m’est incompréhensible que vous ne saisissiez pas à quel point user de cautèle et de mauvaise foi sur une pareille bagatelle (alors que j’aurais fort bien compris que ce problème fût loin d’être prioritaire) conforte l’hypothèse d’une tromperie de plus vaste envergure, et ne peut qu’aiguiser l’attention portée (certes pas par moi seul, j’espère!) sur le gonflement des prix et les commissions occultes qu’il peut dissimuler. D’ores et déjà, je me permets de préconiser que le conseil syndical dispose d’un délai de réflexion et de vérification de trois semaines minimum, entre la présentation détaillée des projets chiffrés et la délibération, afin d’éviter, dans la mesure du possible, que des décisions ne soient prises sur la base de projets nébuleux et de renseignements faux, comme il en fut à l’A.G. Simple exemple, 150000 € pour environ 4000 m2, ça ne donne pas 22 € au m2, comme vous l’avez affirmé, et comme j’ai été assez naïf pour le croire, mais 37,5, c’est-à-dire presque le double. J’espère que les collègues comprendront que c’est notre devoir, sinon de dégonfler une facture présentée comme immuable, d’obtenir du moins le maximum de biens et de services en échange de nos débours.

     En vous priant de bien vouloir agréer l’expression de ma considération distinguée, »

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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