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Inventaire avant liquidation
14 février 2019

Suite des chamailleries et réfection du toit

     J’ai beau lire et relire, je n’arrive pas à voir ce brûlot feutré comme autre chose qu’un petit chef-d’œuvre en son genre, qui ne suppose aucun don, mais une maladive persévérance, puisque j’ai dû le remanier dix ou douze fois. Confiture aux cochons? Peut-être. N’oublions pas, d’abord, qu’elle n’était adressée qu’à un seul cochon, dont je n’imaginais pas qu’il me déchargerait de la tâche de la rendre publique; et ensuite, que les destinataires immédiats n’avaient à mon œil qu’une importance très limitée : pour l’essentiel, ce courriel s’adressait à d’éventuels juges à venir : au cas où s’avéreraient les maux que j’évoquais, du moins Marron ne pourrait-il pas plaider l’ignorance et l’irresponsabilité.

     Postant ma bafouille le jeudi 12, je me croyais tout à fait à couvert d’une réponse avant le 16 juillet, jour pour lequel, après un long épisode de canicule, la météo nous menaçait d’orages qui auraient annulé le bénéfice de l’évaporation; de sorte que pour me protéger des gouttes, renforcer ma crédibilité, et faire un peu d’exercice, je m’offris une virée pédestre à Brico-Dépôt, où j’emplettai, pour moins de 80 balles, un seau de goudron, ainsi qu’une batterie de rouleaux et de pinceaux, dont je me proposais d’user, bien peinard sur le toit, le 14 juillet. Mais le vendredi 13 (la poste aurait-elle des distributions spéciales pour les nantis?) j’eus la surprise de découvrir, accompagnant un scan de mon texte agrémenté de soulignures manuelles anarchiques, la réponse que voici :

« Monsieur,

     Je reçois ce jour votre correspondance du 12 juillet dernier à laquelle je réponds dans les mêmes formes.

  • Si vous souhaitez contester les décisions de l’assemblée générale, il vous appartient de saisir dans les délais que je vous ai rappelés, le Tribunal de Grande Instance aux fins d’annulation de cette assemblée ; c’est un droit qui appartient à chacun des copropriétaires s’estimant lésé.
  • Je vous confirme que les subventions ANAH seront versées pour le montant exact des sommes communiquées, sous la seule réserve que les travaux soient exécutés jusqu’à leur terme avec le versement d’acomptes en cours de travaux.
  • Concernant la reprise de l’étanchéité de la toiture, vous savez pertinemment que j’ai fait établir un devis, trop onéreux, j’ai demandé l’avis d’une autre entreprise. Je vous joins en copie l’échange de mails avec Mme ROSAIRE et le conseil syndical qui résume bien la situation. Ces travaux seront faits, le délai pour les réaliser est uniquement utilisé dans le but de les organiser dans les meilleures conditions financières possibles.

     Quant au reste des propos tenus dans votre correspondance, ils sont insultants à l’égard de ma collaboratrice, du conseil syndical et à mon égard.

     Lorsque je lis les mots « minus habentes » qui, me semble-t-il se traduisent par « homme de capacité très médiocre », « votre fine équipe », « votre incurie délibérée », « la politique de mensonges », « l’hypothèse d’une tromperie », « les commissions occultes », j’ai l’impression que vous vomissez tout ce qui vous entoure et je suis inquiet quant à votre capacité à être constructif pour parvenir à la réalisation des travaux votés, dans de bonnes conditions.

     Pour ma part, je ne rentrerai pas dans une polémique stérile.

     En effet, si vous avez des doutes quant à mon intégrité et celle de mon équipe ou la façon dont je gère ce dossier, il vous appartient d’en référer à Monsieur le Président du Tribunal de Grande Instance de M***, voir [sic] déposer une plainte auprès de Monsieur le Procureur de la république.

     Toutefois, je tiens à communiquer votre correspondance ainsi que ma réponse aux membres du conseil syndical.

     Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués. »

     Quand un avocat vous invite à porter plainte, il n’y a pas de quoi trop s’émotionner. Et c’était peut-être un pari dangereux, mais je doutais fort qu’il portât plainte lui-même, pour une diffamation dont il était l’auteur, puisque je ne m’étais adressé qu’à lui. Je ne pouvais espérer aucun soutien, ni que, sur l’ensemble des destinataires, il s’en trouvât plus de deux pour mettre en regard la réponse et l’envoi. Quant à moi, j’étais évidemment un peu enquiquiné d’être monté sur le toit le matin même… mais en fait non : je n’aurais plus osé, et serais rentré dans la forêt de longue attente. Faisais-je profil bas? Il m’aurait fallu des pages, aussi mesquines que la tactique qu’ils avaient adoptée, pour montrer ce que chacun savait fort bien, à savoir que toute (fausse) velléité de réparation suivait une provoc de ma part, et s’endormait ensuite : je préférai surseoir, et fis bien. Quant au bafouillis consécutif aux griffonnades, il me paraissait clair que ce minus habens avait pété un plomb qu’il n’avait pas encore remis en place en prenant la plume : sa tentative de me mettre au ban de son CS de dévots et de lèche-culs, voire de susciter un mouvement de masse pour m’en virer, paraissait d’une niaiserie attendrissante. Mais qui savait? Si ces pauvres êtres, entièrement dévoués à un papa protecteur, tenaient avec lui l’irrespect pour un crime ou une bassesse, s’il connaissait vraiment son public, les séances seraient déplaisantes. Dès lors j’étais décidé à me borner au vélin, à être là, pour engranger des infos, mais en fermant ma gueule chaque fois que je parviendrais à m’y obliger, non tant par peur des dérapages que par défiance en mon courage et mon à-propos, insuffisants dans le face-à-face, surtout en présence d’une hostilité unanime! Il me faut au moins un complice sûr dans lequel me mirer, ou, disons, une base. Je ne suis pas satisfait pour autant de ma réponse bâclée, qui, répliquant à une fureur brève, se voulait raisonnable, et manque par trop de punch :

     « À l’attention de Maître Marron

     (dont l’adresse mail m’est inconnue)

Maître,

     Votre réponse ne répond en rien à l’interrogation essentielle qui vous était faite, ni aux problèmes précis posés par le reclassement de l’immeuble.

     Par ailleurs, rien ne me paraît moins “constructif” que d’aller chercher des mots dans tous les coins d’une lettre sans se préoccuper du sens de ce qui vous est écrit. C’est ce que j’appellerais, pour ma part, rendre stérile une polémique qui ne l’est pas nécessairement en soi. Mais vous ne me découragerez pas si facilement. Les questions dont je croyais pouvoir vous entretenir en douceur seront au moins soulevées, ne vous en déplaise, au conseil syndical. C’est un souci qui concerne tous les copropriétaires, que de savoir s’ils courent le risque d’avoir à rembourser une subvention de cette ampleur après achèvement des travaux.

     Si j’ai en horreur l’hypocrisie et le style convenu, je ne “vomis” pas pour autant sur “tout ce qui m’entoure”, cette “impression” est erronée, et vous me permettrez de douter de sa sincérité.

     D’autre part, j’estime parfaitement légitime, quand on me demande de l’argent, de douter qu’on me le demande à bon droit, et d’émettre au moins l’hypothèse qu’il n’en soit rien, que bien des éléments paraissent ou paraissaient corroborer dans le cas qui nous occupe.

     Touchant les infiltrations, signalées au début mars, si je ne m’abuse, quatre mois d’attente m’ont paru suffire. Raison pour quoi, la météo promettant des orages pour lundi, et soucieux de profiter de l’évaporation maximale de ces dernières semaines, je suis monté ce matin sur le toit, où j’ai procédé à des réparations provisoires, pour la maigre somme de 78,30 €, ou le tiers, ou le quart, de ladite somme, puisque je n’ai usé que du tiers ou du quart du produit, et que ce qu’il en reste est à la disposition de quiconque en aurait le même besoin. L’avenir dira si cette intervention a suffi.

     Formule finale à votre convenance. »

     Notons que j’aurais attendu avec profit trois mois supplémentaires, puisqu’à part un misérable douche, en effet, le lundi en question, il ne tomba pas une goutte avant la fin octobre. Au début dudit mois, j’écrivais encore à Marron, en lui envoyant trois mois de charges délestés de la somme ci-dessus : « ma réparation de fortune n’ayant pas, en presque trois mois, subi l’épreuve d’une averse sérieuse, je ne puis exclure, après pluie ou neige qui provoquerait une nouvelle infiltration, de reprendre une grève des charges à seule fin de payer une intervention qui est due : que j’en fasse ou non partie, il n’appartient en rien au C.S. (pas plus qu’à l’A.G., d’ailleurs) de voter qu’il pleuve chez moi. » En plein déluge de novembre seulement, je pourrai claironner en P.S., Urbi et orbi : « Je profite de l’occasion pour vous signaler que les problèmes d’étanchéité du toit, pour lesquels on vous avait présenté un devis de quelques milliers d’euros (je le présume, du moins, ne l’ayant jamais vu), ont été réglés, du moins jusqu’à la prochaine chute de neige, pour 80 €. Si vous pouviez en prendre de la graine… Mais il serait irréaliste d’y compter. » Ce que je me garde d’ajouter, c’est que ces deux gouttières sont en place depuis seize ans, c’est-à-dire depuis qu’on a refait la toiture : cette cagna m’a été vendue telle quelle, et c’est par la faute de mon inertie que le mal n’a fait qu’empirer, et que la peinture du plafond sonne le creux dans ma chambrette; évidemment, comme nous ne vivons pas en la Comté de Bonne Foy, je ne puis me permettre d’envoyer ce filet d’eau à leur moulin. Mais je ne serais pas étonné, si je voulais vendre, d’avoir, moi z’aussi, à me lancer dans des travaux.

 

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Commentaires
Inventaire avant liquidation
  • Conclusion de la longue auto-analyse d'un narcipat incapable, 4 ou 5000 pages après le premier mot, de préciser ce qu'il a d'universel, de groupal ou de singulier. Un peu longuet, pour un constat d'échec! Mais je n'ai rien d'autre à proposer.
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